Comprendre les émissions de CO2e de vos paiements par carte
Memo Bank s’est engagée dans la transition vers une économie bas carbone. Afin de sensibiliser nos entreprises clientes sur le sujet, nous avons souhaité leur fournir une estimation de l’empreinte carbone des achats réalisés par carte bancaire sur notre plateforme. Cette estimation est une première expérimentation dont la méthodologie et les limites sont exposées ci-dessous. Les données utilisées sont librement mises à disposition.
Pour estimer les émissions de CO₂e (CO₂ équivalent) liées à vos paiements par carte, nous nous appuyons sur deux éléments :
- Les « métadonnées » de votre transaction, comme le montant de votre paiement ou encore la catégorie du marchand qui a encaissé votre paiement (restaurant par exemple) ;
- Des bases de données publiques, qui nous permettent d’avoir une idée des émissions engendrées à chaque fois qu’un euro est dépensé dans telle ou telle catégorie.
Comment nous passons des paiements aux émissions
À chaque fois que vous utilisez votre carte Memo Bank pour payer en ligne ou en boutique, votre dépense est automatiquement catégorisée par Visa. Pour catégoriser votre dépense, Visa s’appuie sur l’activité du marchand auprès duquel vous avez réalisé votre achat. Chaque secteur d’activité étant associé à un identifiant unique, appelé Merchant Category Code (ou MCC), c’est ce fameux MCC que Visa utilise pour ranger vos dépenses dans telle ou telle catégorie. Au total, il existe près de 900 MCC. En plus du secteur d’activité du commerçant, le pays du marchand nous est aussi communiqué par Visa.
Avec ces deux informations (catégorie et pays du marchand), nous sommes en mesure d’appliquer un « facteur d’émission » monétaire au montant de votre transaction. Un facteur d’émission monétaire est un ratio qui permet d’évaluer la quantité de CO₂e émise pour chaque euro que vous dépensez dans tel ou tel pays et auprès de telle ou telle catégorie de commerçant. Un exemple de facteur d’émission monétaire est : 1,190 kgCO₂e/€, ce qui se lit comme suit : « Pour 1 € dépensé dans tel pays auprès de tel type de marchand, on estime que 1,190 kgCO₂e sont émis dans l’atmosphère terrestre. »
Les facteurs d’émissions monétaires que nous utilisons sont issus de la base de données publique et internationale EXIOBASE. Les données publiées par EXIOBASE sont soumises à la licence Attribution-ShareAlike 4.0 International (CC BY-SA 4.0). Si l’ADEME publie également une liste de ratios monétaires, nous avons privilégié la base de données EXIOBASE pour deux raisons :
- Couverture géographique plus vaste : l’ADEME se cantonne à la France, alors qu’EXIOBASE couvre 44 pays et propose des estimations pour les autres parties du monde.
- Granularité plus poussée : l’ADEME suit une nomenclature divisée en 35 catégories alors que celle d’EXIOBASE se décompose en près de 200.
Enfin, les données utilisées par EXIOBASE sont relativement récentes et sont comprises entre 2017 et 2019. De plus, le projet est toujours actif et en cours de développement, nous pouvons espérer de nouvelles mises à jour dans les années à venir.
Exemple d’estimation
Prenons l’exemple d’un billet d’avion pour un vol entre Lille et Nice, billet acheté pour 200 €. La base de données EXIOBASE nous informe que le facteur d’émission monétaire pour un voyage en avion en France est de 0,9764 kgCO₂e / €. L’ordre de grandeur est le même que celui proposé par l’ADEME qui est de 1,190 kgCO₂e/€.
En multipliant le montant de l’achat du billet par le facteur d’émission lié à cette dépense en particulier, nous estimons que les émissions de CO₂e induites par cet achat seront de 0,9764 kgCO₂e/€ × 200 € = 195,28 kgCO₂e.
À titre informatif, le simulateur Mon Impact Transport, qui estime les émissions de déplacements à partir des distances parcourues plutôt que des montants dépensés, indique une empreinte de 192 kgCO2e pour ce trajet. Les valeurs sont donc cohérentes.
Limites de l’approche monétaire
Les facteurs d’émissions monétaires sont généralement moins précis que les facteurs d’émissions physiques, qui se fondent sur une grandeur physique (km parcourus par exemple) plutôt que sur le montant dépensé (exprimé en euros). C’est la raison pour laquelle les émissions engendrées par un trajet et 100 km en voiture (grandeur physique) sont moins compliquées à estimer que les émissions liées à une dépense de 100 € chez Speedy (grandeur monétaire).
Autre exemple : pour évaluer les émissions de CO₂e d’un voyage en avion, il est préférable de prendre en compte le nombre de kilomètres parcourus dans les airs plutôt que le prix du billet — qui est susceptible de varier en fonction du taux de remplissage de l’avion, de la compagnie, ou de la destination. Un billet d’avion acheté à la dernière minute coûte parfois deux fois plus cher que le prix d'un billet standard. L'approche monétaire induirait des émissions doublées, alors qu’en réalité les émissions sont les mêmes dans les deux cas.
De la même manière, pour calculer l’empreinte carbone d’un déjeuner au restaurant avec un client, mieux vaut évaluer le contenu de vos assiettes (bœuf, volaille, poisson, légumes, etc.), plutôt que le montant de l’addition.
Si vous devez réaliser l’empreinte carbone de votre entreprise, nous vous encourageons à opter pour la méthode de calcul par facteur d’émission physique dès que possible. Comme nous n’avons pas accès aux grandeurs physiques qui se cachent derrière les paiements réalisés par nos clients, la méthode d’évaluation par facteur d’émission monétaire est la seule que nous pouvons suivre à l’heure actuelle. Elle est certes approximative, mais elle a au moins le mérite d’être à la fois universelle et applicable à tous les secteurs d’activité.